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 Olivier Debré

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Demain
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:01

P-O a écrit:
là, mon adorable Demain, tu emploies le terme économique
dans le sens "financier à court terme"

.

Oui mon P-O, tu as raison, bien sûr. Le terme "économique" n'était pas approprié et je suis d'accord avec ce que tu dis sur l'économie en tant que science.

Je voulais dire (mais tu l'as bien compris) qu'on versait de l'argent pour se débarrasser rapidement de problèmes complexes, qui nécessiteraient d'abord de l'écoute, de la compréhension, de l'analyse …
Et qu'on ne soigne pas des maladies "morales" par des remèdes qui ne le sont pas. sunny
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Vazen
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:04

Vous vous servez beaucoup de ce qu'on vous a appris à l'école, au lycée ? Résoudre une équation, les formules chimiques, etc... ?
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:07

Vazen a écrit:
Vous vous servez beaucoup de ce qu'on vous a appris à l'école, au lycée ? Résoudre une équation, les formules chimiques, etc... ?

Non, mais ce n'est pas au lycée que j'ai appris le plus … L'école ne sert pas seulement à apprendre, mais à donner envie d'aller apprendre par soi-même.
J'y ai découvert, par exemple, quelques poètes qu'on ne lisait pas forcément dans ma famille, et à partir de ces extraits dans mon Lagarde et Michard, j'ai été par moi-même les lire … et les aimer.

J'ai de nombreux exemples de cet ordre.
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:10

Moi non plus, peut-être y aurait-il quelques réformes à mener...
sur ce je vais à l'atelier, bonne journée. Olivier Debré - Page 4 172734
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:13

Demain a écrit:

L'école ne sert pas seulement à apprendre, mais à donner envie d'aller apprendre par soi-même.
J'y ai découvert, par exemple, quelques poètes qu'on ne lisait pas forcément dans ma famille, et à partir de ces extraits dans mon Lagarde et Michard, j'ai été par moi-même les lire … et les aimer.

J'ai de nombreux exemples de cet ordre.

A mon avis on pourrait, devrait aller beaucoup beaucoup plus loin dans ce sens. Mais qui sont les enseignants ? De quoi sont-ils capables ? Comment sont-ils formés ? A quoi ?

Bye
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Demain
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 15:14

Vazen a écrit:
Moi non plus, peut-être y aurait-il quelques réformes à mener...
sur ce je vais à l'atelier, bonne journée. Olivier Debré - Page 4 172734

Bonne journée Vazen. Je vais aussi aller bosser un peu … par exemple voir par quels cours je commence lundi … et les relire et les compléter (parce que depuis que je les ai faits, j'ai eu plein de nouvelles idées Idea ).

A plus tard, my friends.
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Enomiss
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 19:53

Image hébergée par servimg.com
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Jubilado
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 20:04

Bon Sofi, c'est un peu tordu, je l'admets, mais je suis beaucoup plus ému quand je vois ceci :

Olivier Debré - Page 4 Auvers10

que quand je vois cela :

Olivier Debré - Page 4 Auvers11

Crois-en un type qui passe tous les jours devant !
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 20:25

As-tu vu les tombes de Vincent et Théo situées dans le cimetière sur la droite de l'église ?
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 20:27

Enomis, Was ist das ? Shocked Tolède ?
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Enomiss
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 20:49

Vazen a écrit:
Enomis, Was ist das ? Shocked Tolède ?

Ben oui, C'est la vision de Tolède par el Greco .... I love you
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 21:25

Sofi a écrit:


Mon regard va évoluer, c'est sûr, j'ai bien changé d'avis sur Picasso ... Et maman qui me met la pie, de Monet, le seul tableau de monet que j'aime vraiment.

voui Sofi j'aime aussi ...
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 21:28

Enomiss, le tableau du Greco est magnifique.

Post : quelle démonstration !
il m'aurait fallu 5 pages pour parvenir au même résultat.

J'admire donc … en silence … Neutral
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P-O
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 22:18

Vazen a écrit:
Vous vous servez beaucoup de ce qu'on vous a appris à l'école, au lycée ? Résoudre une équation, les formules chimiques, etc... ?

plutôt ce que j'ai appris à la fac, en sciences éco.
une démarche d'analyse qui dépasse le cadre de cette matière,
et qui par exemple, m'aide aujourd'hui dans mon métier de développeur,
donc dans un tout autre domaine, l'informatique,

ensuite, tout ce que j'ai appris par moi-même dans mes passions ...
ça peut me servir directement, comme indirectement ...

je pourrais disserter des pages là-dessus ...

"mon" île, par exemple, je sais la regarder tout simplement dans sa beauté,
le lever du soleil illuminant de rose le ciel,
ou le bruit de la mer, tout simplement, allongé sur la plage, le soir, quand toute la foule est partie ...

en même temps, je sais comment est née cette île,il y a plusieurs millions d'années du feu de la terre
qu'elle n'est en fait que le sommet d'une montagne sous-marine qui plonge à 3 000,
la réalite devient tout d'un coup toute autre ...
et l'échelle géologique ramène l'Homme à une place insignifiante dans l'histoire de notre bonne vieille Terre ...
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 22:25

Les belles choses qu'écrit P-O me font penser que peut-être l'une des différences — à supposer qu'il y en ait — entre l'art figuratif et l'art non figuratif c'est la même différence qu'il y a entre représenter ce que l'on voit et représenter ce que l'on sait.

Le "ressentir" étant commun aux deux formes, of course.

Bon mais je ne sais pas du tout si ce que j'écris est clair ni, à la reflexion, si ça a le moindre intérêt !

Very Happy Very Happy Very Happy Basketball
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 22:38

Demain a écrit:
Les belles choses qu'écrit P-O me font penser que peut-être l'une des différences — à supposer qu'il y en ait — entre l'art figuratif et l'art non figuratif c'est la même différence qu'il y a entre représenter ce que l'on voit et représenter ce que l'on sait.

Le "ressentir" étant commun aux deux formes, of course.

Bon mais je ne sais pas du tout si ce que j'écris est clair ni, à la reflexion, si ça a le moindre intérêt !

Very Happy Very Happy Very Happy Basketball

c'est joliment dit
ça mérite réflexion en tous les cas ...
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 22:49

"Tout est là. Tout commence avec la Nuit étoilée. Ce que tu cherches au plus obscur, ce que tu cherches sans chercher. Ce qui te traverse. Un abandon au monde. Et peut-être même un abandon de l'abandon. Tout est là. La nébuleuse spirale, les onze étoiles centrifuges et le croissant de soleil-lune, vestige d'éclipse, bouche de blessure-joie. Tout est là. Avec cette formidable force de réenchantement. Ecoute. C'est la vie même, qui veut la nuit comme le jour. C'est la vie comme une naissance continue. Combien de naissances dans une vie ? Van Gogh n'arrête pas de poser des questions, des questions pour répondre à d'autres questions. Voilà, dit Van Gogh, si tu veux connaître le goût de la peinture, il faut que tu la boives. Que tu consentes à cette onde qui te lave les yeux. Que tu t'enfouisses, en apnée, dans la connexion des atomes. C'est Dieu plus l'énigme. Voilà, ta vie est une question, et tous les matins, le sphinx te la pose. La même question. C'est quoi, dis-moi, la question de la vie ? Et Van Gogh répond, c'est pas si mal, je suis vivant, je descends à pic dans l'infini."

Zéno Bianu, Le battement du monde.

Je crois que l'art, c'est fait pour descendre à pic dans l'infini. Abstrait, concret, c'est quoi ces catégories, ces cloisons, ces étiquettes ? L'infini, rien d'autre.
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 22:52

L'art c'est aussi un truc qui transforme cet autre truc qu'on appelle la réalité en images avec lesquelles on peut tolérer de vivre.
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:03

Je sais que c'est un peu cabotin de ma part, mais je ne résiste pas à l'envie de vous offrir en avant-lecture quelques lignes de l'ouvrage que je suis en train d'écrire - un lien entre l'art et la spiritualité. Le fragment choisi a pour titre "ouvrir"... (en espérant que je ne serai pas pillé par des visiteurs vampires, mais ce serait donner trop d'importance à mon texte...).

OUVRIR


Qui pourrait rêver d’une existence de repli, d’enfermement, de soumission à ce qui réduit, étouffe, comprime ? Dans le zen, il nous est demandé de dépouiller, de dénuder, de faire taire le mental, de prendre le temps du presque rien, de l’écho sans fin d’un effacement radical. C’est ouvrir sur l’immensité, sur un espace non séparé de nous, sur une sortie du huis clos. Huis clos… Issu d’un temps de guerre qui donnait à penser à de brillants intellectuels - et à tant d’autres - que le monde est absurde, la pièce de Sartre raconte l’homme privé de verticalité. Les personnages se frottent à eux-mêmes jusqu’à l’impasse existentielle forgée par un lourd contexte historique. Plié, froissé, chiffonné par un bourreau imaginaire qui, sous la plume de l’auteur, est chacun de nous pour les deux autres, l’individu ne sait plus où donner de l’ego. Il ne rencontre que des miroirs, dont la prolifération organise le champ horizontal et chaotique des relations humaines.

L’essentiel de la littérature psychologique s’est engouffrée dans cette brèche. Pourquoi en sortir, puisque les événements du monde entretiennent l’angoisse ? Les spécialistes du malheur vital sont des virtuoses de la dissection morbide. Ils décortiquent le malaise avec de précieux outils, tels que l’humour, noir ou bariolé. Leurs regards se croisent, leurs analyses s’enchevêtrent. Ils posent un diagnostic implacable mais ne proposent rien, sinon le désenchantement. Selon eux, l’humanité est maudite. Je l’observe sans arrêt : le pessimisme de tel auteur, sanctifié par la critique, dédouane de tout effort de conscience. Du moment que le mental a compris, pourquoi se fatiguer ? Il suffit de s’asseoir sur le bord de la route, de porter un regard cynique sur la réalité et de jouir sans attendre des miettes laissées par le festin de l’histoire. A chaque fois que j’entends ou lis des critiques, des débats, des témoignages d’écrivains sur la difficulté à vivre, l’impossibilité d’être ou la nécessaire errance du corps et de l’esprit, je vois des prisonniers soucieux d’aménager au mieux leur cellule. L’enfermement étant la règle, autant repeindre, décorer, tenir salon derrière les barreaux. La culture de notre temps a délimité l’horizon à l’aune des désastres. Alors que je parlais de l’Eveil, on me répondit un jour que c’était un luxe pour nantis. L’argument fit écho en moi, car il est difficile à un chômeur en fin de droits de chercher le divin, en dehors des illusions religieuses (cet homme qui mendie sur le parvis de l’église y pénètre peut-être de temps en temps dans l’espoir d’une aide moins matérielle). Les chercheurs d’Amour sont-ils des pionniers, des privilégiés ? Et quelles conditions faut-il remplir pour accepter de lâcher prise ? La réponse est souvent qu’il faut en passer par la souffrance, l’épreuve qui dévoile. C’est un fait, il est indiscutable : la maladie, le deuil, l’exil, la dépression, sont parfois vécus comme des chances pour s’ouvrir à d’autres horizons. Parfois seulement. Je connais des écrivains, des artistes, des journalistes, des penseurs acerbes, qui ont troqué les salons pour une traversée du désert. A la suite d’un drame, il leur a été donné de vivre dans la plénitude la réalité de leur enfermement. La vie a délabré les murs de leur cellule, enlevé les meubles, coupé l’eau et l’électricité dans la prison. Ils se sont trouvés en face des barbelés, contraints de les observer, de les accepter, de les voir enfin. Dépossédés, torpillés dans leur ego par une réalité qu’ils refoulaient, ils ont appelé comme des enfants et ont reçu la grâce. Certains sont peut-être passés par le filtre d’une religion, mais quelle importance ? Entre l’illusion et la pleine conscience, parfois, la distance est faible. C’est juste l’affaire d’un passage, d’un saut discret mais essentiel. Comme la distance entre l’avant et l’après du big bang, une fulgurance qui vous fait basculer d’un plan sur un autre alors qu’en apparence rien ou presque n’a changé.

Lorsque l’issue du labyrinthe est introuvable, nous pouvons toujours sortir par le haut. Des êtres d’exception en ont rêvé pour nous, contusionnés par leurs tourments intimes, chercheurs de galaxies. Van Gogh et ses frères de lumière n’ont–ils pour vocation que de nous propulser hors de nous-mêmes le temps d’une exposition, d’un film, d’un concert, d’une représentation, d’une lecture ? Petits ou grands, nos voyages verticaux ne sont-ils qu’un jeu de parenthèses ? Pourquoi sommes-nous lestés d’un mal-être qui nous fait préférer nos ombres à l’éclat du grand jour ? Pourquoi repeignons-nous des plafonds bas au lieu d’embrasser les astres ? Parce que Van Gogh fut malheureux malgré La Nuit Etoilée ? Parce qu’une malédiction ferait de l’envol un prélude à l’inévitable chute ? Et nous faut-il payer les escapades hors de l’ego, comme si le « hors de soi » était une pathologie ? Prisonniers, vous êtes libres et vous ne le savez pas !

Se pose ici la problématique du génie et de la folie. Les génies nous ouvrent des horizons où nous ne savons pas séjourner. Affolés comme des enfants surpris par la nuit, nous n’acceptons pas l’étape de l’égarement. La crispation mentale et physique que génère l’attachement à nos égoïsmes, à nos nations, à nos préjugés, à nos religions, nous interdit de nager avec souplesse dans les rapides de la vie. D’une cascade, nous faisons un déluge ; d’un caillou, une muraille. Les génies sont-ils des sages ? Nullement. Ils transforment la plainte en chant, rien d’autre. Ce chant interpelle l’univers, il ouvre grand, il élargit la perception jusqu’au seuil d’un inconnu qui nous appelle et nous attend. Les œuvres d’art se tiennent sur le seuil. Elles invitent au passage. Ecoutez le premier Lied du Chant du Cygne de Schubert : c’est tout à fait cela. Mais pourquoi donc ne passons-nous pas ?

Je vois parfois des visages épanouis, des regards heureux, au sortir d’un concert, d’un spectacle. Des élans inspirés, presque mystiques, après la visite d’une abbaye. Des questionnements ébauchés à partir d’un texte fort, chez des rationalistes pétris de certitudes. Mais le temps d’une ondée, comme par le jeu d’un lavage de ces sédiments féconds, tout se passe comme s’il convenait de sortir au plus vite d’un remugle émotionnel. En réalité, le retour au réel se fonde sur une nécessité psychologique, celle de s’ancrer dans le connu. A cette étape de l’observation, il faut redire que la spiritualité ne relève pas d’une croyance ou d’un flot d’impressions, mais d’un cheminement structuré en vue d’acquérir une connaissance de l’Invisible. Or, l’émotion que procure une œuvre d’art peut donner l’appétit de cette connaissance mais en aucun cas la faire advenir. Si l’Amour Universel se tient en embuscade derrière une voûte romane ou un poème, il ne s’intègre en nous qu’au prix d’un long travail. Chaque homme ou presque, dans son présent, a la capacité de recevoir un tel Amour en plein cœur, mais il y faut les conditions de ce que l’on nomme en sophrologie le nouveau regard. Une expression issue du ressac spirituel qui, pour reprendre une formule de Krishnamurti, nous invite à nous « réincarner maintenant ».

Si nous ne passons pas sur l’autre rive, c’est à cause de notre mental. Meurtris, essoufflés, découragés devant trop peu de joie dans un océan d’ennui ou de tristesse, nous ne voulons plus entendre parler de la grâce. Nous la nommons mais décrétons qu’elle n’existe pas. Nous nous comportons comme des enfants vexés par une vie incompréhensible. L’indéchiffrable explique l’enfermement. Si les génies ont entrevu la grâce malgré leurs faiblesses, c’est qu’ils sont fous. Notre mental est satisfait : soulagé de n’être pas génial puisque le génie est un malade, consolé de sa souffrance au contact de l’œuvre puisque celle-ci fait entrevoir la grâce malgré tout, empressé de ranger cette dernière dans la catégories des mirages. Cette fulgurance est un phénomène si intense et si bref qu’il ne vaut pas la peine de la tenir pour vraie. La spiritualité est à elle ce que le lyrisme est au coup de cœur, un merveilleux prolongement. Mais à la différence du lyrisme, elle ouvre à une réalité ultime, elle supprime le rideau final.

Voici l’enjeu – le grand jeu : respirer l’univers, gonfler le cœur comme un poumon immense, déposer les armes, se débarrasser du déluge et de la muraille, passer. Oser l’insoumission à des siècles de faux plis dans nos cœurs. Et de là, marcher à pas lents jusqu’au lac endormi sous la lune, sans ride aucune.

C’est cela, ouvrir : dérider l’âme. Une vie peut y suffire.
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:12

Au milieu de plein de choses que j'ai envie de citer (ce qui reviendrait à recopier ton texte, petit Lapin Very Happy ), ceci :

Et quelles conditions faut-il remplir pour accepter de lâcher prise ? La réponse est souvent qu’il faut en passer par la souffrance, l’épreuve qui dévoile. C’est un fait, il est indiscutable : la maladie, le deuil, l’exil, la dépression, sont parfois vécus comme des chances pour s’ouvrir à d’autres horizons. Parfois seulement. Je connais des écrivains, des artistes, des journalistes, des penseurs acerbes, qui ont troqué les salons pour une traversée du désert. A la suite d’un drame, il leur a été donné de vivre dans la plénitude la réalité de leur enfermement. La vie a délabré les murs de leur cellule, enlevé les meubles, coupé l’eau et l’électricité dans la prison. Ils se sont trouvés en face des barbelés, contraints de les observer, de les accepter, de les voir enfin. Dépossédés, torpillés dans leur ego par une réalité qu’ils refoulaient, ils ont appelé comme des enfants et ont reçu la grâce. Certains sont peut-être passés par le filtre d’une religion, mais quelle importance ? Entre l’illusion et la pleine conscience, parfois, la distance est faible. C’est juste l’affaire d’un passage, d’un saut discret mais essentiel. Comme la distance entre l’avant et l’après du big bang, une fulgurance qui vous fait basculer d’un plan sur un autre alors qu’en apparence rien ou presque n’a changé.

Il ne s'agit de rien de moins que d'accepter de sauter dans le vide avec les bras ouverts. Parfois, dans une vie, certains le font, et ils volent Very Happy
Mais, comme tu le dis … "parfois seulement".

Pourquoi les uns y arrivent et pas les autres ?
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:15

il y avait un chef d'aérodrome du temps de l'aéropostale,
Cap Juby, un coin perdu à l'époque au Sahara espagnol ...
c'était en 1927 ...

entre 2 avions, il se retrouvait seul, face aux milliers d'étoiles
il écrivit ses impressions, son imagination fit le reste

des années plus tardif, de cette solitude de la nuit étoilée
dans le désert naquit une oeuvre mondialement connue

..................
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:15

Demain a écrit:
L'art c'est aussi un truc qui transforme cet autre truc qu'on appelle la réalité en images avec lesquelles on peut tolérer de vivre.
de la vivre en rêve ...
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:17

Demain a écrit:
Au milieu de plein de choses que j'ai envie de citer (ce qui reviendrait à recopier ton texte, petit Lapin Very Happy ), ceci :

Et quelles conditions faut-il remplir pour accepter de lâcher prise ? La réponse est souvent qu’il faut en passer par la souffrance, l’épreuve qui dévoile. C’est un fait, il est indiscutable : la maladie, le deuil, l’exil, la dépression, sont parfois vécus comme des chances pour s’ouvrir à d’autres horizons. Parfois seulement. Je connais des écrivains, des artistes, des journalistes, des penseurs acerbes, qui ont troqué les salons pour une traversée du désert. A la suite d’un drame, il leur a été donné de vivre dans la plénitude la réalité de leur enfermement. La vie a délabré les murs de leur cellule, enlevé les meubles, coupé l’eau et l’électricité dans la prison. Ils se sont trouvés en face des barbelés, contraints de les observer, de les accepter, de les voir enfin. Dépossédés, torpillés dans leur ego par une réalité qu’ils refoulaient, ils ont appelé comme des enfants et ont reçu la grâce. Certains sont peut-être passés par le filtre d’une religion, mais quelle importance ? Entre l’illusion et la pleine conscience, parfois, la distance est faible. C’est juste l’affaire d’un passage, d’un saut discret mais essentiel. Comme la distance entre l’avant et l’après du big bang, une fulgurance qui vous fait basculer d’un plan sur un autre alors qu’en apparence rien ou presque n’a changé.

Il ne s'agit de rien de moins que d'accepter de sauter dans le vide avec les bras ouverts. Parfois, dans une vie, certains le font, et ils volent Very Happy
Mais, comme tu le dis … "parfois seulement".

Pourquoi les uns y arrivent et pas les autres ?

Pourquoi certains enfants marchent à 10 mois et d'autres à 12 ? C'est la même chose. C'est nous qui dramatisons avec le mental, mais sinon, tout va bien : chaque âme avance, apprend, s'ouvre un beau jour. Dans cette vie, dans une autre... A l'échelle de l'univers, où est le souci ?
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:19

Moi, pour le moment, c'est cette vie qui m'intéresse, tu vois ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitimeMar 4 Sep 2007 - 23:19

P-O a écrit:
Demain a écrit:
L'art c'est aussi un truc qui transforme cet autre truc qu'on appelle la réalité en images avec lesquelles on peut tolérer de vivre.
de la vivre en rêve ...

Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit souvent la rêver.

Marcel Proust
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MessageSujet: Re: Olivier Debré   Olivier Debré - Page 4 Icon_minitime

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